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Broken Beauty Soul
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28 mars 2010

Flot de pensées

Dimanche 28 mars 2010, 22:33

Swamped_by_Luremilia

Je pense à mes vacances. Dans un mois je pars, et je n'ai toujours pas maigri. Dans un mois, je vais affronter le regard de mon père qui ne s'est pas posé sur moi depuis maintenant presque trois ans. La seule chose que je sais de ce qu'il pense de moi actuellement est ce qu'en dit ma mère, qui n'en dit pas grand chose.
J'ai peur aussi des remarques que je pourrais recevoir de la part de ceux qui forment ma famille. Ma sœur a tendance à examiner comment je suis habillée, de quoi j'ai l'air. Tendance à me jalouser si je suis "plus à la mode qu'elle" mais surtout plus sexy ou plus coquette. D'aussi loin que je me souvienne, son désir de reconnaissance de la part des hommes était presque obsessionnel, et cela n'a pas vraiment changé avec son mariage. Elle a sans cesse besoin de sentir le regard désireux des hommes sur elle, sans cesse besoin de sentir qu'on la trouve belle et la jalouse.
Elle a toujours nié cette facette de sa personnalité.

Mon père a plutôt tendance à ne pas dire grand chose et à faire de l'humour pour combler le vide. Le vide de notre communication, en quelque sorte inexistante.

Mon beau-frère a tendance à me critiquer intellectuellement, il me mettait souvent au défi de lui décrire ou de lui expliquer un concept philosophique et prenait un malin plaisir à me faire comprendre que mon discours n'était que du charabia. Je pense que le plaisir qu'il prenait à me rabaisser atteignait son sommet lorsque je me mettais à m'énerver et qu'il pouvait ainsi dire devant tout le monde que j'étais trop susceptible, ce à quoi tout le monde acquiesçait.

La seule personne de qui je ne crains rien, pour ainsi dire, est la plus jeune de mes deux sœurs. Je n'ai jamais eu à souffrir d'une quelconque remarque sur mon physique ou ma personnalité de sa part, et je ne m'en rends vraiment compte qu'aujourd'hui, quand je cherche à savoir ce que j'ai à dire sur elle.
C'est la seule de mes frère et soeurs avec qui j'ai vraiment des souvenirs d'enfance (vacances passées ensemble, engueulades, dénonciations...) et la seule à qui je n'ai rien à reprocher. C'est pourtant celle à qui je donne le moins de nouvelles, ce qui ne m'empêche pas de culpabiliser de ne pas le faire.

Je ne verrai pas mon frère, normalement. En ce qui le concerne, j'ai toujours eu une relation assez complice avec lui, bien qu'il n'ait jamais habité à la maison bien longtemps quand j'étais plus jeune et qu'on se se donne jamais de nouvelles. Il y a une sorte de lien tacite entre nous... comme si le simple fait d'être frère et sœur nous suffisait.
Je n'ai jamais eu non plus à souffrir d'une quelconque remarque de sa part.
Je me souviens d'un été où nous étions allé, avec mes parents, en vacances chez lui. Je devais avoir 14 ans à tout casser. J'avais émis le désir de rester un peu plus longtemps que mes parents dans le sud, et de rentrer plus tard en avion, ce à quoi ni mes parents ni mon frère et ma belle-sœur n'avaient trouvé d'objection.
Néanmoins, une scène me revient sans cesse à l'esprit lorsque je pense à ma mère: ce jour-là, elle lui avait explicitement et ouvertement demandé de me faire maigrir avant que je rentre à la maison. Un peu comme si elle lui demandait un lourd service, un peu comme si elle lui avait demandé de la débarrasser d'un lourd fardeau qui pesait depuis déjà trop longtemps sur sa conscience.
Je me souviens que mon frère avait plus ou moins acquiescé sans rien dire, mais au final, il ne m'a jamais forcé à faire du sport en "m'habillant d'un sac poubelle pour me faire transpirer et éliminer", comme elle l'avait précisé. Il ne m'a jamais non plus interdit de manger quoi que ce soit. Ma belle-sœur quant à elle avait essayé une fois de me modérer sur le coca, ma réaction n'ayant pas tardé à se faire ressentir.

Voilà donc un constat rutilant: j'angoisse plus à l'idée de passer une semaine chez mes parents que je ne m'en réjouis. Bien sûr j'y pense avec joie si je ne pense qu'au fait que je vais voir ma famille que je n'ai pas vue depuis si longtemps, et mes amies, mes seules véritables amies, celles qui ont toujours été là pour moi même quand j'étais agressive à cause de ma dépression.

Je ne sais pas vraiment quoi faire pour prendre la chose avec plus de légèreté. Il m'est absolument inconcevable d'essayer de parler à ma mère de tout le mal qu'elle m'a fait, c'est un peu comme si je voulais volontairement gâcher un moment qu'elle attend depuis longtemps avec impatience, un moment qui est censé être joyeux.
Je suis partagée, sans cesse, entre l'envie de tout laisser derrière moi et ne rien lui reprocher, et celle d'exploser littéralement sous ses yeux, en lui disant que c'est en partie sa faute.
Il m'est aussi presque inconcevable de lui reprocher quoi que ce soit au final, j'ai du mal à ne pas culpabiliser de lui en vouloir. Dans l'inconscient familial qu'est le mien, on ne critique pas ses parents, c'est sacré.

Sans vouloir trop verser dans le mélo-dramatique, j'ai sans cesse la sensation d'avoir déjà vécu trop de choses dans ma toute jeune vie. Trop de choses qui ont mis à mal ma confiance et mon estime de moi. On dit que les coups durs rendent plus fort, j'en doute. Au moins faudrait-il préciser de quelle manière.

Bien sûr, à force d'encaisser les coups, on finit par ne plus rien ressentir. On se relève et on avance, sans se demander vraiment pourquoi. En cela on est plus forts: on attend de moins en moins avant d'agir (ou de réagir).

Mais bien sûr, qu'à force de les encaisser, ces coups, et de ne plus rien ressentir, on finit par ne plus faire la différence entre ce qui nous rendra plus fort et ce qui nous laissera, un jour, étalé par terre, à bout de forces.

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